La Vie pour moteur...

"Les voix dans ma tête sont toujours en train de crier, des choses qui n'ont aucun sens pour moi."

Quoi ? Vous connaissez pas ? C'est une phrase du nouveau Blink, qui vient de sortir aujourd'hui ! Y faudrait voir à écouter les paroles un peu, à les lire même, bordel c'est pas croyable de pas prêter attention aux paroles... Quoi ? Elles sont trop simples ? Ridicules même pour la plupart des chansons américaines ? La simplicité parfois, si ce n'est souvent, c'est ce qui permet de survivre bande de cons ! Oh putain... je me perds...

Oui... Je ME perds. Vous comprenez ? Je perds celui que je suis.

Je me perds parfois, souvent, je me perds...

On en parle pas assez vous savez ? De ces voix dans la tête qui crient, des choses insensées... De ces voix venues d'ailleurs, comme si elles ne m'appartenaient pas... Ces voix de l'extérieur, si tangibles, elles vous foutent en l'air ces voix...

Je parle à reculons, avançons : J'ai des pulsions de mort.

Bon nombre de fois, ces voix m'assaillent sans que je n'y puisse rien, sans que je n'ai rien prémédité.

Plaçons la situation : Le soleil brille, les petits oiseaux piaillent, je marche dans la rue, la tête vers le ciel (essayez j'vous jure on voit de belles choses), enfin je suis heureux, que dire de plus, je respire la vie, je suis tout ce qu'il y a de plus apaisé, calme, serein... Quand soudain, ça ne rate pas. Ça n'arrive pas tous les jours, encore heureux. Mais soudain il arrive que crient ces voix, qu'elles crient non-agressivement, qu'elles crient avec un sourire, comme un ami qui t'appelle de l'autre côté de la rue, ces voix te crient, comme elles te donnent rendez-vous, avec une évidence, l'évidence qu'on va se revoir, avec une simplicité morbide, ces voix crient : "Tu pourrais attendre une voiture, sauter sur la route, et tout serait fini."

C'est ce que j'appelle mes pulsions de mort. Seulement, je souris à cette possibilité que je trouve horrible, et je n'y pense plus. J'me dis juste : "Pourquoi tu penses à ça ? C'est ridicule."

Pourtant, après discussions avec plusieurs amis, plus ou moins joyeux, heureux dans leur vie, il semble qu'on ait tous ces voix.

J'en ai parlé pour tout dire, pas plus tard qu'hier, car j'étais au fond du gouffre, au fond du gouffre avec cette voix, vous ne voulez pas tomber là, au fond du gouffre, cette voix vous semble devenir vôtre et il est difficile de s'en débarrasser.

Bref, j'en ai parlé. Cet ami, tout ce qu'il y a de plus heureux m'a répondu que cela lui arrivait également. Puis il a dit une chose très intéressante. Grosso merdo, il a dit : "Je pense que c'est juste qu'on est tellement habitué aux cases dans lesquelles on est, et qu'on les déteste tellement, que c'est simplement pour se montrer qu'on est libre, se rappeler de temps en temps, que si on le désirait, on le pourrait."

Ça a touché la corde sensible. La mienne en tout cas. Le suicide, nommons-le, le suicide est la dernière liberté.

C'est le plus gros échec de nos sociétés : Le suicide est notre dernière liberté.

Pourquoi l'échec de nos sociétés? Parce que, amis suicidaires, ce n'est pas votre faute.

J'ai vécu un peu... pas mal... trop de phases suicidaires, bordel c'est pas votre faute ! Vous devez le savoir, vous devez l'intégrer, vous devez le graver, l'imprimer, dans votre cerveau.

Pourquoi je parle de voix extérieures ? Parce que nos sociétés ont échoué, nos sociétés ne nous proposent plus d'alternatives, pas assez en tout cas, ces voix sont l'écho de nos sociétés. Dans nos vies où tout est régit, réglé, où, putain que ce soit clair, nous ne sommes pas libres, le suicide demeure après tout, après tous les essais, le suicide persiste à être la dernière liberté, parce qu'elle apparaît comme la seule solution quand on est à bout, qu'on croit être au bout de tout, de nous.

Stop ! On arrête tout ! Ce texte n'a SURTOUT pas pour but de vous donner l'excuse pour passer à l'acte ultime ! Ce texte est là pour vous dire que vous n'êtes pas seuls, et que vos envies de suicides, vos pulsions de mort, sont compréhensibles. GROSSE FUCKING NUANCE ! C'est bon, c'est écrit en assez gros ???

Alors quoi c'est tout ? Plus rien ? Et bien non, j'ai trop vécu dans ce gouffre avec ces voix pour en avoir fini.

"Le suicide est égoïste." C'est une autre phrase que ces voix extérieures vous souffleront... Ne vous infligez pas double-peine ! Laissez le misérabilisme, laissez la culpabilité, il n'y a aucune raison, pour que vous vous sentiez coupables. Du moins, pas plus coupables qu'un autre. Pourquoi ? Parce que ça arrive à tout le monde ! Et parce que tout le monde est coupable !

Nan, nan, nan et NAN ! Dans certains cerveaux malades, "Tout le monde est coupable" signifiera "Donc, personne n'est coupable" comme trop souvent... et bien NON PUTAIN ! Quand je dis que tout le monde est coupable, il faut le penser comme je le dis, TOUT LE MONDE EST COUPABLE ! Car nous sommes tous complices de cette société. Alors les égoïstes c'est qui ? C'est les trois trous du cul qui se sont dit "Donc, personne n'est coupable." parce que bordel, quand un ami va mal, quand un membre de votre famille est appelé par ces voix, quand un inconnu est convoqué par ces voix, c'est votre indifférence, votre inaction, votre dédain, votre mépris qui vient s'ajouter sur les épaules de cette personne !

Concluons. Que retenir de tout cela ? Tout le monde est coupable, donc ne vous en voulez pas, suicidaires ou amis de suicidaires, nous arrivons tous au bas du gouffre un jour, alors il est interdit de vous en vouloir. Pour résoudre ce problème, c'est un travail plus grand qu'il faut entamer, c'est la refonte de nos sociétés, la refonte de nos manières de vivre, la refonte de nos structures de pensées... et ça sera long, mais ça sera beau.

En attendant, soyez humains. "Allez, humanisme à deux balles, soyez humains, ça veut rien dire, si ces pensées de mort sont naturelles, elles sont humaines..." Vos gueules ! Vous savez très bien ce que je veux dire.

Aimez votre prochain (il n'y a pas une once de seconde où j'ai été chrétien). Moi je crois en l'homme, moi je crois au bien, moi je crois en vous. Moi je crois en toi. Et j'ai besoin de toi.

Quand la mort te semblera être la seule solution, la dernière liberté... Dis-toi que si elle est la dernière liberté, c'est que par définition, elle n'en est plus une. Si le suicide devient ta seule solution, le suicide devient une obligation. Mais alors se dégage une autre liberté.

La seule vraie liberté. La liberté de ne pas répondre à cette obligation. Toi qui est en quête de liberté, résiste face à la mort.

Pourquoi c'est le plus gros échec de nos sociétés? Parce que la vie, en dernier lieu, en dernier recours, en dernier secours, malgré tout, est belle.

Alors, quand il n'y a plus de solution, dresse l'échine contre ces chaînes, il n'y a plus qu'à attendre.

Attendre pour les solutions d'arriver, et elles arriveront. Parce que, la vie est faite, pour toi.

Du plus gros échec de nos sociétés - L'un